Singer ou pratiquer une tradition

Publié le par Duir

D'un coté on ne crée pas une Tradition on en hérite
De l'autre nous devons la faire vivre, non pas la stigmatiser

La Tradition ?

Est ce quelque chose d'immuable dans la forme ou quelque chose porteur de sens qui sait adapter sa forme ?
La tradition est-elle restée immuable entre 500 av et 0 de JC ?

La tradition est immuable, oui mais dans le « sens » et dans l' « axe » dont elle est porteuse, garante du bien -être d'une communauté, en véhiculant ses « schémas de psyché » qui eux engendrent la culture et un certains sens des valeurs.
Mais dans la forme, quelle tradition est totalement statique ? Figée ?
(le sens est le Centre, la Tradition tourne autour)
Certaines traditions sont proches de l'immobilisme (souvent liées à la culture de l'écrit) et nous pouvons être témoins de leurs effets : elles ne s'adaptent pas aux réalités de ici et maintenant, deviennent des poisons.
Il ne peut, en être autant d'une tradition orale qui a la juste intelligence de savoir, de par son essence même, la transmission, transmettre ce que nos ancêtres ont su nous donner de « sage » dans les axes de vie, en ayant la justesse de se mouvoir à travers les mouvances mêmes des temps.
La tradition est porteuse de sens pour la psyché humaine, c'est elle qui nous permet d'être des Etre Humains, à condition de ne pas en faire un carcan, une prison
(certains mutilent leurs filles sous prétexte de « tradition »)

Quand la tradition est bonne il faut la garder, quand elle devient mauvaise il faut savoir la changer, cela n'est pas le propre des traditions orales, qui savent se glisser dans le temps tout en laissant prise au narrateur, à celui qui transmet et doit avoir la sagesse de cette transmission (les porteurs de tradition, ne sont pas tout le onde, mais des « spécialistes », des prêtres, des bardes) 

La « tradition celtique » peut-elle faire partie de ces traditions figées ?
Ou bien sait-elle avoir le souffle vivant de porter le savoir des anciens et de nous permettre d'être ici et maintenant ?
La beauté de notre culture tient justement dans cette approche subtile de la tradition, chaque Barde devrait porter en lui l'essence  et savoir avec justesse transmettre cette essence, mais à chaque fois de manière subtilement différente, qui tiendra compte de l'ici et maintenant. Le barde ajustait ses contes, à la cour à laquelle il apparaissait, où il savait ajuster l'Histoire en fonction de l'histoire qui se faisait dans l'ici et le maintenant ?
Cela est le contraire de singer, qui consiste à faire et refaire un geste ou dire un mot, tel qu'il fut dit, uniquement parce que « c'est comme ça » ! .
Poursuivre la tradition, consiste à intégrer son sens, son message psychique (et mythique) et le retransmettre pour qu'elle continue à « nourrir » la communauté
La tradition n'est pas un simple effet de style, un effort de l'intellect. L'humain est le seul animal qui pour être lui - même doit être porteur du savoir de ces ancêtres. Cela ne concerne pas les autres règnes. Ainsi les ancêtres, peuvent nous transmettre leurs expériences par le biais de la tradition qui par essence serait porteuse de « clés » pour le bien -être de la communauté.  C'est un message d'amour, un geste de vie, un outil merveilleux, à condition de pouvoir répondre aux besoins présents. Savoir utiliser le savoir des anciens pour nous permettrent de vivre aujourd'hui.

Elle fait appel à des schémas types de l'humanité, que nous ne devons jamais perdre de vue (ce qui en fait son intemporalité), c'est bien pour cela qu'elle passe par les mythes, les contes qui dans la tradition orale ne sont pas statiques.
Rien n'est statiques chez les Celtes, les Dieux n'ont pas de « statue » , leur art sont des volutes et des entrelacs. Tout tourne autour d'un sens, ce sens est immuable, Sacré. La tradition est le comment qui tourne autour, liant le profane et le sacré

Voir la Tradition Celtique comme quelque chose d'immuable en sa forme et qui doit point par point reproduire les gestes du passé c'est lui ôter toute sa force, toute sa beauté, toute sa quintessence. D'autant plus que nous ne connaissons qu'une petite partie de cette geste.
Et en même temps pratiquer cette tradition sans la relier aux schémas d'Origine est une aberration et les schémas d'origine sont connus en grande partie, parce qu'ils sont des réalités psychiques et spirituelles, nous les appelons Dieux, Déesses ... les gens modernes les appellent inconscient, Archétypes ....et parce qu'ils sont inclus dans ce qui nous a été transmis et qu'il nous faut réapprendre à écouter, entendre, regarder ...

Vouloir absolument coller à la tradition telle qu'elle fut (et elle fut mouvante) dans sa forme reviendrait à dire que nous devons réinstaurer la royauté sacrée, demander à ce Roi de s'accoupler à la jument blanche, nous promener avec à la portière de nos voitures les têtes coupées de nos ennemis. Est ce bien sérieux ?
Par contre il est possible de retrouver les schémas psychiques, le sens, de la tradition celte qui sont encore bien présents à travers les mythes, les contes, les us les coutumes, et l'inconscient collectif ....  et en faire les socles d'aujourd'hui.

Certains avancent l'utilisation trompée du Triban par les Druides
Sommes nous sûrs qu'aucun Celte, aucun Druide entre 1000 et 0 av JC n'a jamais dessiné trois traits en forme de triban ? Ces trois traits qui sont une image assez claire du  tripartisme (schéma psychique)
En quoi n'est - il pas un symbole porteur du tripartisme, de trois Déesses ????

La difficulté est de savoir puiser sans ‘inventer', de savoir s'inspirer, qui ne veut pas dire singer. S'inspirer veut dire faire en gardant le sens, gardant l'essence. Ce qui ne change pas et ne doit pas changer, c'est le sens, et nous devons nous attacher à le saisir, non pas le calquer.

Faire le singe consiste à faire et refaire sans en saisir le sens, sans lier au présent, et ouvre la porte à toutes les ignominies possibles.

N'est-il pas insultant à l'égard des ancêtres de vouloir faire comme eux  et non pas avec leur héritage ?

Publié dans Essais

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