L'Opium du peuple par Monsieur Furfari

Publié le par Duir

Réponse à

http://www.newzy.fr/

Interview paru le 26 avril sur newzy.fr, signé de Cécile Auguste,

et suite à parution de l'ouvrage :

 

"Dieu, l'Homme et la Nature L'écologie, nouvel opium du peuple ?"

de Samuele Furfari, Bourin Editeur

 

 

Monsieur Furfari, vous donnez un élément de réponse face à pas mal de nos détracteurs monothéistes, voire quasi un bâton pour vous faire battre. Lors d’une interview parue sur newzy.fr, signée de Cécile Auguste vous avez la phrase suivante :

« Penser que nous disposons par nos propres moyens des ressources pour dompter la nature est utopique. Par contre, à force de vouloir trop la protéger, on retombe dans un paganisme que le judéo-christianisme était parvenu à éliminer. »

 

Vous attestez ici, contrairement à la thèse de gentils missionnaires qui auraient inclus à leurs pratiques les pratiques païennes dans un élan de partage, de tolérance et de fraternité, que  le christianisme n’a pas toujours été cette religion de tolérance  qu’elle tend parfois à devenir (1) contrairement à d’autres monothéismes  parfois encore englués dans un obscurantisme dangereux.

 

Nous vous rappelons que cette élimination que vous avez évoquée, s’est faite dans la violence et au prix de milliers de vie. Nous vous rappelons encore à cet égard, que le Pape Jean-Paul II lui-même, s’appuyant sur les travaux d’historiens rassemblés à sa demande, a demandé pardon le 12 Mars 2000 pour ces faits.

En outre, vous pensez avoir éliminé le paganisme et croyez le voir renaître dans une sorte de religion écologiste.

 

Vous commettez ainsi deux erreurs.

La première est que le paganisme n’a jamais été totalement éliminé ; il serait vain, ici de vous dresser une liste de tous les édits et interdictions qui ont été mis en œuvre et ce jusqu’au XXeme siècle pour éradiquer, épurer le monde de ce qui semble pour vous un fléau, et qui par-là même prouve que ce ne fut jamais totalement possible. Il existe et il a toujours existé des païens, dans des régions reculées (épargnées) de la planète ou des païens de cœur et d’âme cachés dans nos vieilles forêts, nos contes, nos légendes, nos mythes. Et ces païens ont tout autant droit de cité dans notre monde contemporain.

 

La deuxième est de considérer l’écologie comme une sorte de religion. Soit le paganisme accorde un sens sacré et divin à la nature et à son équilibre naturel, cette nature dont nous faisons partie intégrante, dont le païen ne se sent ni le maître, ni le dompteur, sans se percevoir manipulé par elle non plus. Si la plupart des païens sont donc plus ou moins écologistes, les écologistes ne s’estiment pas pour autant tous païens et nombre d’entre eux doivent considérer comme offensant d’être assimilés  aux adeptes de ce que vous avez si longtemps appelé les « faux dieux ».

 

Les Bouddhistes végétariens sont-ils à vos yeux une dangereuse secte écologiste parce qu’ils refusent de manger l’animal qu’ils respectent ? De nombreux écologistes sont athées, chrétiens, musulmans, et l’intérêt pour la survie de notre environnement n’est pas l’apanage d’une croyance mais un besoin réel pour tous.

 

Bien sûr, longtemps on nous a fait croire que nous devions dompter cette vilaine nature qui ne nous voulait que du mal, bien sûr que cela fut le fait de prélats et autres personnes dogmatiques,  alors que les pauvres païens refoulés vénéraient la Terre sur laquelle ils marchent, qui les nourrit et qui les soigne. Sommes – nous  condamnables pour cela ?

 

Est-il besoin de thèses et autres études scientifiques, de savoir si oui ou non si  les glaces fondent, pour simplement ne plus vouloir en bas de nos maisons les saletés qui jonchent le sol, les rivières remplies de détritus et l’air que l’on respire lourd de pesticides ? (2)

Ne doit-on pas faire un effort pour changer ce modèle de société qui,  que vous le vouliez ou non, fut mis en place par  la structure judéo - chrétienne, qui en instaurant la suprématie de l’homme et sa toute puissance sur les lois élémentaires nous amenèrent aux conséquences problématiques de l’ultra libéralisme, sans plus aucun respect pour le sacré de notre nature ?

N’ai-je pas le droit de le penser ?

 

Mais encore et surtout, en tant que haut fonctionnaire européen, pourquoi étaler et utiliser vos propres croyances pour orienter des diktats politiques ? Notre laïcité, si douloureusement gagnée, cette laïcité qui encore aujourd’hui semble bien fragile, trouve-t-elle en vous un soutien de fait ?

 

L’écologie, une secte ? A vous entendre, tout ce qui n’est pas chrétien est une secte, une abomination, une hérésie sans doute ? Nous avons déjà entendu ces mots-là et nous les entendons encore dans la bouche de trop nombreux  extrémistes. Il faut tuer les incroyants comme il fallait tuer les païens.

 

Allons un peu de sagesse, l’écologie n’est ni l’apanage de quelques religions, ou de quelques politiques, elle n’est même pas la vérité d’un ou deux scientifiques. Elle est aujourd’hui affaire de chacun, et quotidiennement dans le respect de notre intégrité.

 

Si vous êtes satisfait de ce que vous voyez, écologiquement parlant, libre à vous, mais laissez-moi le droit de nous trouver sales, irrespectueux, égoïstes et bien trop manichéens. Laissez-moi aussi le droit d’être païenne si tel est le vœu de mon âme.

 

DUIR

 


(1)  Je pense notamment à la différence de réaction des Chrétiens, contrairement aux Musulmans face aux caricatures.

(2)  Question que nous pourrions poser à Monsieur Allègre.

Publié dans Essais

Commenter cet article