Ouvrage exceptionnel

Publié le par Duir


IMPACT DE L'HISTOIRE COLLECTIVE SUR LA PSYCHOLOGIE INDIVIDUELLE

Françoise Sironi est maître de conférences en psychologie clinique et pathologique à l'université Paris-VIII et enseigne la psychologie géopolitique à l'Institut d'études politiques de Paris. Elle a publié Bourreaux et Victimes. Psychologie de la torture.

Extrait du livre :

Les événements traumatiques que traversent les groupes, les civilisations et les cultures, façonnent leur histoire. Ces événements modèlent également les types de désordres psychiques qui apparaissent dans la population générale. Les conflictualités du monde contemporain se sont complexifiées et diversifiées depuis la fin de la guerre froide et la chute du mur de Berlin. Dans le champ de la psychopathologie traumatique, nous sommes aujourd'hui confrontés à des patients ayant connu des guerres de basse intensité, des attaques terroristes, des conflits ethniques, des tortures, des génocides, des déplacements de population et des exils forcés. Cela nous amène à considérer avec sérieux la place qu'occupe l'histoire collective (politique, culturelle, ethnique, religieuse, sociale) dans la psychologie individuelle.

Articulation entre histoire collective et histoire singulière

L'articulation entre histoire collective et histoire singulière constitue le terreau de la fabrication et de l'instrumentalisation de ce que nous appellerons les émotions politiques. Que signifie «articulation» entre histoire singulière et histoire collective ? Georges Devereux considère la question du rapport entre deux champs ou deux disciplines, et ce à partir du référentiel psychosomatique. Nous l'envisagerons à partir du référentiel psychopolitique. Dans un article intitulé «Dedans et dehors. La nature du stress», Georges Devereux écrit : «Le lieu véritable qu'il lui sied d'étudier [à l'écologie médicale] est pré­cisément cette courbe, qui "sépare" en théorie, mais "unifie" en pratique, l'homme et son milieu. C'est le "Je" - ce sont les événements et les processus dont le lieu géométrique est (et crée) cette ligne de démarcation imaginaire - qui concerne le psychosomaticien. Ce qui se passe entièrement du côté intérieur de la ligne peut être étudié par le médecin... ce qui se passe de l'autre - extérieur - par le sociologue... La différence principale entre "l'externaliste" et "l'internaliste" est que le premier dit que les phénomènes d'interaction se produisent sur cette courbe, alors que le second dit que ce sont les phénomènes d'interaction perçus qui créent - et qui sont - cette courbe.»

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En quoi ce livre est-il exceptionnel ? Dans son approche de la psychologie géopolitique, l'auteur touche à l'essentiel de notre devenir, en sachant le comprendre dans sa reliance et dans son héritage du passé.
Judicieuse et fine analyse à notre époque boulversée. Elle nous fait toucher la réalité des forces inconscientes communautaires, l'impact des choix politiques et leurs conséquences sur la psyché uindividuelle, la répercution sur les sociétés à venir. Elle explique de façon claire, les conséquences de nos mouvances, de nos errances. Le besoin, humain d'appartenance et le drame des déculturations.
[...] la deculturation, "voie royale" vers la violence : organisée (politique, sociale, économique) ou domestique.[...]

Cet ouvrage n'interresse pas que les "psychos", il devrait faire partie des programmes obligatoires de tout responsables politiques et religieux.

Publié dans Regards

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