Célébration d'hiver

Publié le par Duir

Première année à célébrer Samonios en plein jour

Etrange sensation.

Seulement la Reine de la nuit se fit présente.

Sur un fond de jour éclairé de soleil, de l'air presque doux qui frôle nos âmes, des feuilles bruissantes tendres et légères, nous entendons, si près, la "grande chasse"

 

Il y a celle que mène Arthur dans le grand ciel d'hiver et que l'on retrouve dans bien des contes anciens. Mais il y a celle, profane, qui se déroule, à quelques pas de nous. Nous entendons, les chiens, les cris, les coups de feu.

Juste un pas et nous pouvons sentir la Morrigan dans son travail, l'odeur du sang, le souffle court de la bête traquée.  Avons-nous peur ? Non pas même alors que les fusils claquent et  tournent autour dans un sens dextrogyre. Nous sommes encerclés par Celle qui berce ceux que nous aimons et que nous pleurons.

Chaque vie se meut portée par la mort.

 

Je vois les parois brutes des grottes ariégeoises où se trémoussent à l’infini les chasses ancestrales, j’entends les cris des hommes encourageants les chiens. Entre les deux Arthur s’élance …. Que séparent ces milliers d’années ? Quelle cruauté me fait face, quelles questions assaillent mon esprit ?

 

Nous sommes à Samonios et Elle se rappelle à nous d’une façon crue, et  claire.

 

Nous courons côte à côte, un instant, rassurés par la vitesse silencieuse de la bête lancée vers d'autres ombres, d'autres forêts ...

 

Et voilà le nouveau jour couvé tout au fond du chaudron, partage des mots, partage des silences, l'année  nouvelle s'installe avec la conscience que la vie et la mort se côtoie et forme la trame rythmée de notre vie.

Les mémoires des terres sont portées par le vent et nos chants unanimes ont fait vibrer le temps.

 

Oui l'instant fut sacré, de ce sacré pour lequel nous suspendons nos souffles, vrai à notre âme. La bulle de nos rites protège notre précieuse osmose et rien ne peut bafouer, se gausser, renier ce qui nous rassemble là.

Publié dans Essais

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