La prophétie des druides

Publié le par Duir

e sont en vérité de terribles nouvelles ; ce sera un mauvais temps qui durera longtemps,

pendant lequel les chefs seront nombreux
Pendant lequel les honneurs seront rares,

les vivants anéantiront les bons jugements
Le bétail du monde sera stérile
les hommes rejetteront la pudeur
les champions des grands seigneurs s’en iront
les hommes seront mauvais, les bons rois seront rares.

Les usurpateurs seront nombreux
Les disgrâces seront légion.

Chaque  homme sera disgracié
Les chars périrons après la courses
Des ennemis épuiseront la plaine de Niall
la vérité ne garantira plus l’excellence
les sentinelles autour des ( églises) Sites Sacrés seront battues
tout art sera bouffonnerie
tout mensonge sera choisi
chacun sortira de son propre état
avec orgueil et arrogance
si bien que ni le rang
ni l’âge
ni l’honneur
ni la dignité
ni l’art poétique
ni l’instruction ne seront respectés
on brisera quiconque est intelligent
chaque roi sera pauvre
tout ce qui est noble sera méprisé
tout ce qui est servile sera élevé
si bien que ni Dieu(x) ni homme ne seront adorés
les nobles périront devant les usurpateurs par l’oppression des hommes aux lances noires
la foi sera détruite
les sacrifices seront troublés
les seuils des (églises) temples seront écroulés
les cellules seront minées.
Les (églises) temples seront brûlés
les cuisines seront dévastées par avarice
l’inhospitalité détruira les fleurs
les fruits tomberont par mauvais jugements
le sentier de chacun périra
des chiens infligeront des blessures, aux corps si bien que chacun (…) contre sa suite par noirceur, rancœur et mesquinerie
il y aura un refuge pour la rancœur et la mesquinerie à la fin du dernier monde
il y aura de nombreuses discutions avec les gens d’art
Chacun s’achètera un satiriste pour satiriser à son profit
chacun imposera sa limite à l’autre
la trahison s’aventurera sur chaque colline, si bien que ne protégeront ni lit, ni serment.
Chacun blessera son voisin, si bien que chaque frère trahira l’autre.
Chacun frappera son compagnon de boisson et de repas, si bien qu’il n’y aura ni vérité ni honneur ni âme.
Les avares se dessécheront mutuellement
les usurpateurs se satiriseront l’un l’autre avec des tempêtes de noirceur
les grades seront renversés ;

la caricature sera  oubliée ;

les sages seront méprisés
la musique tournera en grossièreté
la qualité guerrière se tournera en cellules et en  cléricature
la sagesse sera changée en faux jugements
la loi du seigneur se tournera contre (l’Eglise) le Sacré
le mal passera dans la pointe des crosses
tout mariage deviendra adultère
un grand orgueil et un grand libre arbitre seront dans les fils de paysans et de vauriens
une grande avarice, une grande inhospitalité et une grande mesquinerie seront chez les tenanciers si bien que leurs arts poétiques seront noirs
le grand art de la broderie passera chez les fous et les prostituées si bien que l’on attendra des vêtements sans couleurs
des jugements faux passeront par les rois et les seigneurs
L’ingratitude, la méchanceté viendront dans chaque esprit, si bien que le serviteur et la servante ne serviront plus leurs maîtres, que ni le roi ni le seigneur n’entendrons plus les prières de leurs cantons, ni de leurs jugements ;

 

l’envie remplira chaque homme ; l’homme fier vendra son honneur et son âme pour le prix d’un scrupule.
La modestie sera rejetée
le peuple sera bafoué
les seigneurs seront anéantis
les rangs seront méprisés

 

les poètes seront anéantis
la vérité sera abolie
de faux jugements apparaîtront  chez les usurpateurs du dernier monde
les fruits seront brûlés après leur apparition par une foule d’étrangers et de gens de rien
Il y aura une trop grande foule d'hommes dans chaque pays
les pays s'étendront dans la montagne
chaque forêt sera grande comme une plaine et chaque plaine sera une grande forêt
Chacun deviendra esclave avec toute sa famille
Après cela il viendra de nombreuses et cruelles maladies
des tempêtes subites et effroyables
des éclairs et des fracas d'arbres
l'hiver aura des feuilles
l'été sera sombre
l'automne sera sans moisson
le printemps sera sans fleur
il y aura mortalité avec famine
il y a aura des maladies sur les troupeaux
vertige, consomption, hydropisie, peste, enflure, fièvre
trouvailles sans profit, cachettes sans trésors, grands biens sans hommes...

Extinction des champignons
manque de blé
parjures
jugements de colère
une mort de trois jours et de trois nuits pour les deux tiers des hommes
un tiers de ces plaies sur les bêtes des mers et des forêts
il viendra après cela sept années de lamentations
les fleurs périront
dans chaque maison il y aura des lamentations


(traduction Guyonvarc'h in Le dialogue des deux sages )

 

Ce texte, dont il existe plusieurs copies entre le XII et XIXeme siècle, mais dont l’origine est antérieure, est d’après Guyonvarc’h qui en fit une étude minutieuse,  non pas le reliquat d’un texte narratif, ordinaire ou épique. Il le rattache plus précisément à des prophéties, « tecosca », en tous cas comme une œuvre unique d’enseignement druidique.

Le message qui y transparait ne demande pas de commentaires, il parle de lui-même, et semble tant convenir à notre époque, qu’il nous a paru intéressant de le livrer ici.

 

Le dialogue des deux sages

Christian Guyonvarc’h

Ed Bibliothèque scientifique Payot

 

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